Bonjour !

L’ émétophobie est la peur de vomir. Beaucoup ne savent pas que cette crainte est assez fréquente. Pourtant, les personnes émétophobes ont un quotidien totalement invalidant et qui limite gravement leur comportement. Je parle souvent de handicap invisible, c’est dire !

La peur de vomir se produit chez les hommes et les femmes, les enfants et les adultes. Certaines personnes ont peur de vomir elles-même, de vomir devant les autres et d’autres ont peur de voir les autres vomir… La plupart ont du mal à décrire ce qu’elles craignent et ce qui va se passer si elles vomissent, ou si elles voient que d’autres vomissent, mais vaguement, elles craignent une perte terrible de contrôle, une catastrophe dont elles ne récupéreront pas ou encore la douleur que cela provoque. Elles craignent la folie, la mort, des vomissements sans fin, une fatigue intense, la perte de contrôle sans fin et ainsi de suite. La plupart du temps, les émétophobes reconnaissent que ces catastrophes ne sont pas raisonnées mais quand elles sont dans la situation où un vomissement peut se produire, alors elles ne se sentent pas rassurées du tout et montent en crise de panique tout de suite.

L’écrasante majorité d’entre nous ont vomi au moins une fois dans le passé, et la quasi-totalité n’ont eu aucune conséquence néfaste durable suite à cet événement. La plupart ont également vu d’autres personnes vomir. Et pourtant, cette absence d’effets n’a généralement pas aidé une personne à relativiser et à surmonter cette peur de vomir. Au lieu de cela, elles vont généralement essayer d’éviter toutes situations qui pourrait provoquer des vomissements, et elles luttent pour se protéger contre ce qu’elles craignent. Et vous allez voir que c’est le comportement à ne pas avoir justement !

Le cercle vicieux de l’émétophobie

Une personne avec une peur de vomir passe par un cycle répétitif (cercle vicieux pour moi !) qui est tout à fait similaire au cycle du trouble panique.

Tout d’ abord, quelque chose nous rappelle les vomissements. Ça peut être qu’on entend qu’un collègue est à la maison avec la grippe ou pire la gastro, reçoit un e-mail disant qu’un parent a commencé une chimiothérapie, ou voit un film ou une émission de télévision dans lequel un personnage vomit, une femme se tient le ventre et dit se sentir mal alors qu’en fait, elle est dans le premier trimestre de sa grossesse, ou encore simplement une personne qui tousse, etc.

Puis, une (des) pensée(s) au sujet des vomissements arrive(nt) directement à l’esprit, consciemment ou inconsciemment. La première chose que l’on fait, vérifier nos sensations physiques qu’on associe à des nausées/vomissements. On vérifie comment son estomac réagit à ce moment là, ou on éclaircit sa gorge pour vérifier toute possibilité de nausées. Il n’est pas trop difficile de trouver un signe qui va déclencher des pensées négatives angoissantes, et tôt ou tard, les pensées négatives fusent dans la tête comme un tgv, on ne se sent pas en forme, quelques symptômes apparaissent, nous suggérant implicitement la possibilité de vomissements éventuels.

Et pour finir, on rentre dans la phase de la peur de vomir. Pour se protéger, on pourrait quitter le travail plus tôt, ou sauter un repas (c’est très souvent le cas, entraînant même parfois des troubles du comportement alimentaire d’ailleurs). On va éviter d’aller aux toilettes, craignant que la vue des WC puisse provoquer des vomissements ou au contraire, on reste près des toilettes car la sensation est tellement forte qu’on croit qu’on va vomir réellement.

Le cycle d’anticipations qui conduit à la peur est mise en route, la recherche de signes et l’évitement chronique qui caractérise le trouble panique est donc similaire dans l’émétophobie.

Si vous pensez que la phobie de vomir est un cas particulier du trouble panique, c’est une assez bonne description. La principale différence est que, avec la peur de vomir, les personnes se concentrent sur leurs sensations au niveau de leur estomac et de la gorge, ainsi que sur des pensées négatives autour du vomi, plutôt que de sensations dans leur cœur, la poitrine ou la tête.

Evitement phobique

Les personnes ayant une peur chronique de vomir, je parle des vraies personnes avec une  émétophobie, développent souvent beaucoup d’évitements systématiques et beaucoup d’efforts pour se protéger contre les éventuels microbes qui peuvent mener au vomissement. Par exemple, ils peuvent éviter : le contact avec toute personne qui pourrait être malade, les aliments qu’ils ont associé à des vomissements passés, manger dans les restaurants, boissons alcoolisées (en empêchant l’entourage de boire à outrance également), les toilettes autres que les leurs, les parcs d’attractions à sensations fortes… Leurs efforts pour se protéger contre les vomissements les conduisent à éviter de nombreuses situations ordinaires de la vie, et elles deviennent prisonnières de leurs craintes.

Certaines personnes ont connu la peur de vomir une bonne partie de leur vie, et ont réussi à vivre avec elle jusqu’à un certain événement qui a rendu la peur beaucoup moins gérable : l’émétophobie est née. Par exemple, la naissance d’un enfant apportera avec elle la prise de conscience que, tôt ou tard, l’enfant va vomir, et en tant que parent phobique, il/elle se demande comment il/elle pourra gérer cela. De la même manière, l’obligation d’un ami ou un parent proche de subir une chimiothérapie pour le cancer font souvent croître la peur, parce que les nausées et les vomissements sont un effet secondaire fréquent de la chimiothérapie.

Traitement

Les vomissements sont et seront toujours désagréables, et le traitement pour s’en débarrasser ne cherche pas à changer cela (même si on aimerait bien !). Au contraire, le but de cette prise en charge et du travail personnel pour se débarrasser de cette peur, est d’aider les personnes à vivre leur vie, et de participer à des activités qui sont importantes pour elles, sans être limité par une crainte excessive de vomir.

L’émétophobie peut être traitée avec succès grâce à la thérapie émotionnelle, comportementale et cognitive (TECC). Cette thérapie ne nécessite pas que vous devez vous faire vomir (si c’est le cas, fuyez votre thérapeute !!), mais que vous devrez d’abord travailler la maîtrise de vos pensées négatives concernant ces informations erronées que vous envoie votre cerveau, et ensuite vous exposer à des situations, des objets et des activités que vous craignez, et que vous évitez en ce moment. Les exercices d’exposition communs qu’on apprend en TECC incluent : des vidéos et des photographies de vomissements, de cracher dans les toilettes, être assis sur un siège arrière de la voiture, manger à des buffets, éventuellement tourner sur soi-même pour induire des sensations de nausées (je vous avoue que je ne l’ai pas fait cet exercice et je m’en suis sortie malgré tout) , aider et nettoyer votre enfant s’il vomit (et donc ne plus envoyer votre conjoint pour le faire seul), etc. Il suffit de lire cet article, avec mon utilisation très fréquente du mot vomi, vomir, vomissements, nausées, c’est déjà une première étape d’exposition, parce que beaucoup de personnes émétophobes essaient d’éviter le mot, et surement que certains n’arriveront pas à lire l’article car les symptômes sont apparus dès la lecture du titre malheureusement.

Je vous ai dit dans un précédent article que la peur de vomir était mon symptôme principal qui caractérisait mon anxiété. Aujourd’hui, je vis sans symptôme de cette peur, j’ai même pu écrire cet article. Il y a quelques années, il m’aurait été impossible d’écrire autant de fois ces mêmes mots, rien que d’y penser ou de les lire me mettait en crise. La TECC m’a permis de me débarrasser de ces pensées négatives et maintenant, j’accompagne les personnes désireuses de s’en débarrasser à distance, par des consultations en ligne, afin d’aider les personnes qui le souhaitent mais qui n’habitent pas à coté d’un thérapeute oui qui n’arrivent plus à se déplacer hors de chez soi.

A bientôt !

Mireille

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